Au cours des dernières années, la finance décentralisée a connu une expansion spectaculaire, avec une capitalisation boursière passant de 600 millions de dollars en 2020 à 116 milliards de dollars au deuxième trimestre de 2024, selon DefiLlama. Cette croissance a été particulièrement marquée dans les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) où les taux d’adoption sont parmi les plus élevés au monde. 

Une part croissante de la population de ces pays investit désormais une portion significative de leur richesse dans les crypto-actifs, ce qui témoigne d’un changement profond dans la manière dont la richesse est gérée et transférée.

Global Cryptocurrency Index de Chainanalysis

Les résultats de l’index ont été obtenus en calculant la proportion de crypto-actifs détenus par les particuliers, en tenant compte de leur pouvoir d’achat spécifique à chaque pays. Il en ressort que les pays développés, tels que l’Europe, le Japon, le Canada et l’Australie, présentent un taux d’adoption relativement faible.

Cette situation s’explique probablement par la stabilité des systèmes bancaires déjà bien établis dans ces pays, rendant les crypto-actifs moins attractifs. À l’inverse, dans les pays en développement, où les infrastructures financières sont souvent moins développées, les crypto-actifs offrent une alternative plus accessible. Aussi, ces pays ne bénéficient pas des mêmes avantages en entrant sur les marchés financiers traditionnels. Il est intéressant de noter que l’adoption des crypto-monnaies est plus forte dans les pays asiatiques, africains, et sud-américains, ainsi qu’en Ukraine. Cela suggère qu’en période de guerre et de chaos, les crypto-actifs pourraient s’avérer être une solution financière plus adaptée.

Aux États-Unis, l’intérêt pour les crypto-monnaies est bien présent, bien que motivé principalement par des considérations financières et spéculatives plutôt que par une utilisation quotidienne. En début d’année 2024, la SEC a approuvé des ETF basés sur le Bitcoin (BTC) et l’Ethereum (ETH), ouvrant ainsi la voie aux investisseurs institutionnels sur le marché des cryptomonnaies. Aujourd’hui, la capitalisation de l’ETF Bitcoin atteint 54 milliards de dollars.

Etude de l’ADAN sur l’adoption des cryptos en France

Le profil des investisseur en cryptomonnaies

Nous avons récemment analysé une étude menée par CryptoCheck, portant sur un panel de 3 000 détenteurs de cryptomonnaies en France. Cette analyse, couplée à une étude réalisée en 2022 par l’ADAN en collaboration avec KPMG, nous offre un éclairage intéressant sur le profil des investisseurs en cryptomonnaies en France.

Voici les résultats de cette analyse :

Profil des détenteurs

Genre : 96 % des détenteurs de cryptomonnaies sont des hommes, révélant que ce milieu reste encore largement inexploré par les femmes.

Âge : L’âge médian des investisseurs en cryptomonnaies est de 30 ans, bien plus jeune que celui des investisseurs traditionnels (46 ans selon l’AMF). Parmi eux, 36,9 % ont entre 20 et 29 ans.

Catégories socioprofessionnelles

Cadres Supérieurs : 29 % des investisseurs en cryptomonnaies sont des cadres supérieurs, suggérant qu’ils disposent des ressources nécessaires pour se concentrer sur la gestion de leur patrimoine.

Employés : 22,5 % des investisseurs sont des employés.

Étudiants : 17, 7 % sont des étudiants, indiquant une forte représentation des jeunes et des revenus plus faibles dans ce secteur.

La représentation des jeunes et des revenus faibles

La présence importante des étudiants et des moins de 30 ans parmi les investisseurs en cryptomonnaies indique que les personnes aux revenus plus faibles sont souvent les plus enclines à investir dans ce marché. Toutefois, cette dynamique pourrait évoluer avec le temps, notamment avec un éventuel transfert générationnel de richesse, où les plus jeunes hériteraient des richesses de leurs aînés et investiraient une partie de cette fortune dans les cryptomonnaies.

Les motivations d’investissement

Recherche de rendement : 60 % des investisseurs cherchent un rendement financier.

Protection contre l’inflation : 22 % voient les cryptomonnaies comme un rempart contre l’inflation.

Vision à long terme : 38 % ont une perspective à long terme sur leurs investissements.

Les freins à l’investissement en cryptomonnaies

Le principal obstacle pour les Français face à l’investissement en cryptomonnaies est le manque de connaissances. Parmi les non-investisseurs :

  • 48 % citent la méconnaissance comme la principale raison
  • 30 % estiment que c’est un investissement trop risqué
  • 28 % déclarent ne pas être intéressés
  • 20 % n’ont pas suffisamment d’épargne

La perception des cryptomonnaies

Un point de débat en France concerne l’utilisation des cryptomonnaies à des fins criminelles. L’ADAN a interrogé le public sur cette perception, et la majorité des sondés pensent que les cryptomonnaies sont des outils privilégiés par les criminels. Pourtant, les données montrent une réalité différente :

Seulement 0,15 % des transactions en cryptomonnaies sont illicites, selon Chain Analysis et Europol.

Comparativement, entre 2 % et 5 % du PIB mondial (soit environ 800 milliards à 2 000 milliards de dollars) est blanchi chaque année en monnaie fiduciaire, selon l’ONUDC.

Conclusion

Les crypto-actifs restent majoritairement utilisés dans les pays en développement, mais une transition générationnelle pourrait renforcer la confiance envers ces actifs et accélérer leur adoption dans les pays développés. Toutefois, la construction sociale de la peur autour du marché crypto affaiblit encore la confiance des investisseurs. Il est donc essentiel de continuer à informer et éduquer le public pour dissiper les idées reçues et encourager une adoption plus large.

Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à prendre conseils auprès de nos chargés de comptes

Martin
Martin

Mes sujets de prédilection ? La DeFi et l’écosystème Ethereum. Dans les cryptos depuis 2017, j’espère vous transmettre ma passion et vous donner l’envie d’explorer cette révolution technologique à travers mes écrits.